Lycée de Milhaud - classe de 2g6

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Victor HUGO, Le Dernier Jour d'un Condamné, préface

 

 

 

Séquence 3

 

Etude d'une oeuvre intégrale argumentative

 

Victor HUGO, Le Dernier jour d'un condamné, 1832

 

 

(pour accéder à la suite de l'étude, cliquez ici )

 

 

Pour commencer, faites une recherche sur la biographie de Victor HUGO et entraînez-vous à la prise de notes en relevant des indications sur les éléments importants de sa vie.

 

Vous pouvez par exemple vous appuyer sur le site Larousse.

 

1004017-Victor_Hugo

 

 

 

 

  • Ensuite, pour aborder l'oeuvre :

 

Lisez dans votre manuel l'extrait de la préface de cette oeuvre, p.112.

 

 

 

Questions (à traiter par écrit) :

 

 

1. Qui fait-il parler dans cette préface ?

 

2. Qui désigne-t-il par le pronom personnel "vous" ? Par le pronom "on" ? Par le pronom "nous" ?

 

3. Quelle thèse défend-il ?

 

4. Quel registre littéraire utilise-t-il ?

 

5. Quelles sont les grandes étapes de cet extrait ?

 

6. Construisez une carte mentale à partir de ce texte, qui rende compte des arguments et contre-arguments de cet extrait.

 

 

 

 

 

Document 1 : Victor Hugo, Le Dernier jour d’un condamné (1829), préface de 1832.

 

 

 

[…] Ceux qui jugent et qui condamnent disent la peine de mort nécessaire. D'abord, — parce qu'il importe de retrancher de la communauté sociale un membre qui lui a déjà nui et qui pourrait lui nuire encore. — S'il ne s'agissait que de cela, la prison perpétuelle suffirait. A quoi bon la mort ? Vous objectez qu'on peut s'échapper d'une prison ? Faites mieux votre ronde. Si vous ne croyez pas à la solidité des barreaux de fer, comment osez-vous avoir des ménageries ?2

Pas de bourreau où le geôlier3 suffit.

Mais, reprend-on, — il faut que la société se venge, que la société punisse. — Ni l'un, ni l'autre. Se venger est de l'individu, punir est de Dieu.

La société est entre deux. Le châtiment est au-dessus d'elle, la vengeance au-dessous. Rien de si grand et de si petit ne lui sied4. Elle ne doit pas « punir pour se venger » ; elle doit corriger pour améliorer. Transformez de cette façon la formule des criminalistes, nous la comprenons et nous y adhérons.

Reste la troisième et dernière raison, la théorie de l'exemple.

— Il faut faire des exemples ! Il faut épouvanter par le spectacle du sort réservé aux criminels ceux qui seraient tentés de les imiter ! — Voilà bien à peu près textuellement la phrase éternelle dont tous les réquisitoires des cinq cents parquets5 de France ne sont que des variations plus ou moins sonores. Eh bien ! nous nions d'abord qu'il y ait exemple. Nous nions que le spectacle des supplices produise l'effet qu'on en attend. Loin d'édifier le peuple, il le démoralise, et ruine en lui toute sensibilité, partant6 toute vertu. Les preuves abondent, et encombreraient notre raisonnement si nous voulions en citer. Nous signalerons pourtant un fait entre mille, parce qu'il est le plus récent. Au moment où nous écrivons, il n'a que dix jours de date. Il est du 5 mars, dernier jour du carnaval. A Saint-Pol, immédiatement après l'exécution d'un incendiaire nommé Louis Camus, une troupe de masques7 est venue danser autour de l'échafaud encore fumant. Faites donc des exemples ! Le mardi gras vous rit au nez.

 

 

 

 

2 ménagerie : zoo.

3 geôlier : gardien de prison

4 ne lui sied : ne lui convient

5 parquet : magistrats chargés de veiller à l'application de la loi.

6 partant : conjonction marquant la conséquence (synonyme ici de par conséquent).

7 masques : personnes qui portent des masques.

 


Suite de l'étude de la préface :

 

 

 

A partir de l’extrait sur lequel vous avez déjà travaillé (p.112), voici un plan de commentaire littéraire.

Mais dans chaque partie, les procédés d’écriture ont été séparés de leur interprétation.

 

Retrouvez, pour chaque sous-partie, les paires qui constituent une remarque (procédé + interprétation, donc une lettre + un chiffre).

 

 

 

I une préface polémique

 

1 – Hugo exprime son mépris pour ses adversaires

 

 

A

Utilisation du pronom « on »

1

Accusation indirecte de meurtre

B

Utilisation de termes évoquant la mort, comme « criminalistes », « exécution »

2

Suggère que la peine de mort est devenue un automatisme pour la Justice

C

Généralisations et pluriels : « phrase éternelle », « tous les réquisitoires », « cinq cent parquets de France », « des variations »

3

Imprécision de ses adversaires et distanciation

D

Parallélisme « qui jugent et qui condamnent »

4

Dénonce un certain conformisme et le caractère répétitif des arguments adverses

 

remarque 1 : (... + ...)

remarque 2 : (... + ...)

remarque 3 : (... + ...)

remarque 4 : (... + ...)

 

 

 

2 – Hugo provoque l’indignation des lecteurs

 

 

E

Nombreuses anaphores : « nous nions… nous nions » ; « il faut… il faut »…

5

Indique sa détermination, et l’évidence de ses arguments.

F

Métaphore de la prison comme un zoo

6

Provoque un effet d’insistance qui marque les esprit

G

Paragraphe constitué uniquement par une phrase nominale (« Pas de bourreau où le geôlier suffit »)

7

Suggère que la solennité de la peine de mort n’est pas respectée par la population

H

Contraste volontaire entre le sujet grave (la peine de mort) et le CL de la fête (« carnaval », « masques », « mardi gras »)

8

Les détenus sont implicitement présentés comme indignement traités, comme des animaux

 

 

 

II – il met en scène la confrontation avec le locuteur

 

1 – L’interpellation du lecteur (qu’il soit ou non l’adversaire)

 

 

I

Utilisation de questions rhétoriques (« A quoi bon la mort ? », « Comment osez-vous avoir des ménageries ? »)

9

Inclut tous ses destinataires de façon à les influencer et les mettre de son côté

J

Utilisation de nombreux verbes à l’impératif : « faites », « transformez »…

10

Hugo anticipe les réactions des lecteurs pour mieux contre-argumenter.

K

Recours aux pronoms personnels « nous » et « vous »

11

Invite le lecteur à s’interroger et à prendre parti

L

Verbes d’opinion attribués aux destinataires : « vous objectez », « vous ne croyez pas »

12

Engage le lecteur à agir et se sentir concerné

 

 

 

2 – Un dialogue construit sur la logique

 

 

M

Ponctuation du dialogue et verbes de parole (« dit-on », « reprend-on »…)

13

Suggère qu’il voit plus loin que ses adversaires et anticipe déjà les conséquences à long terme.

N

Texte structuré en paragraphes parfois courts

14

Insiste sur le fait que chaque idée est liée à la précédente par la raison et que chaque argument adverse est immédiatement réfuté

O

Utilisation de connecteurs logiques : « d’abord », « mais », « voilà », « la troisième et dernière »…

15

Donne de la clarté à ses propos en soulignant la progression de l’argumentation

P

Utilisation d’arguments complexes tels que les syllogismes : « Loin d'édifier le peuple (1), il le démoralise (2), et ruine en lui toute sensibilité (3), partant toute vertu (4) »

16

Donne l’impression que les adversaires sont face à lui

 

 


 

 

 

  • Ensuite, recopiez dans votre cours ces éléments de présentation de l'oeuvre :

 

 

 

 

Victor Hugo (1802-1885)

Le dernier jour d’un condamné (1829) est publié de façon anonyme et il y ajoute un fac-similé de chanson manuscrite en argot pour laisser croire qu’il s’agissait de véritables mémoires de condamné, mais il suggérait dans une petite préface que c’était l’œuvre d’un rêveur. La publication déclencha une polémique.

 

I LE THEME

Le thème est celui de la peine de mort : les premiers mots du récit annoncent le sujet.

La peine de mort est toujours en vigueur sous la Restauration : allusion au roi Charles X qui est le seul être à pouvoir arrêter la machine par la grâce.

 

II ENONCIATION ET FOCALISATION

Le narrateur est aussi le personnage : utilisation de la première personne.

Le narrateur est différent de l’auteur même si l’on peut repérer quelques similitudes (âge, milieu social, goût pour l’écriture).

Le récit est donc en focalisation interne puisque le lecteur a seulement accès au point de vue du narrateur.

 

III LE TEMPS

Chapitre I : « 5 semaines ».

Chapitre VIII : le narrateur dresse un calendrier approximatif du temps qu’il lui reste à vivre : il est déjà dans la dernière semaine.

 

IV LE LIEU :

Il est incarcéré à la prison de Bicêtre dans le sud est de Paris.

 

V LE GENRE

Victor Hugo a appelé ce texte « récit » et non pas roman.

Chapitre V : allusion à l’acte d’écrire à travers le matériel nécessaire.

Chapitre VI : la question de l’objectif de l’écriture est abordée : il écrit pour lui-même le journal de ses souffrances pour exorciser son malaise mais il écrit aussi pour autrui parce qu’il évoque une éventuelle publication posthume et l’utilité d’un tel témoignage.

 

  • Le journal intime d’un condamné?

« journal de mes souffrances » (p.72) Un homme consigne bien jour après jour ses pensées, ses émotions, ses sensations. Cependant, il n’y a pas adéquation entre l’identité de l’auteur et celle du narrateur, et les dates ne sont pas précises.

 

  • Une autobiographie?

Définition : « récit rétrospectif en prose qu’une personne réelle fait de sa propre existence, lorsqu’elle met l’accent sur sa vie individuelle, en particulier l’histoire de sa personnalité ».

Cependant, le récit n’est pas rétrospectif, le récit n’est pas au passé, le « je » ne renvoie pas à une personne réelle et la personnalité reste énigmatique.

 

VI PISTES DE LECTURES

Pourquoi et pour qui le narrateur écrit-il ? Comment est raconté le crime ?

Quels sont les personnages ? Quelle est la description de l’univers carcéral ?

Le journal est-il un document ou un plaidoyer contre la peine de mort ?

 

 


 

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05/01/2021
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