Lycée de Milhaud - classe de 2g6

Lycée de Milhaud  -  classe de  2g6

Correction du Texte 6 : VOLTAIRE, Le Loup moraliste

 

 

Texte 6 : La satire des mœurs : VOLTAIRE, Le Loup moraliste, 1761

 

 

- p.80 du manuel.

 

 


CORRECTION :

 

 

 

1) Quelle est la forme de ce texte ?

 

Il s’agit d’une fable constituée de 45 vers : des octosyllabes  et alexandrins avec des rimes majoritairement croisées (abab) et embrassées (abba).

On reconnaît la fable à la présence des marques du récit : présence d'un cadre spatio-temporel, d'une chronologie, de personnages et de péripéties...

 

 

2) Observez le discours que le loup prononce devant son fils :

- Quel ton adopte-t-il ?

 

Il utilise un ton autoritaire au début : il utilise beaucoup de formes négatives (« Point de larcin », « Ne vous démentez point », « Ne satisfaites point ») mais aussi des impératifs (« Contentez-vous », « Choisissez », « menez », « sois sage »…).

 

Mais il opte ensuite pour un registre pathétique : question rhétorique avec des parallélismes (« Car enfin, quelle barbarie, / Quels crimes ont commis ces innocents agneaux ? »), interjection (« Hélas ! » aux vers 21 et 26) ; l’évocation de la souffrance et de la mort (« vie », « arme », « barbarie » « laissa sa peau », « battu », « crime »…)

 

- quelles sont les étapes de son raisonnement ?

 

Tout d’abord, des vers 5 à 9, son premier argument est que le louveteau n’a pas à chasser puisque son père le fait pour lui et le nourrit. C’est l’argument lié au besoin.

 

Ensuite, des vers 10 à 18, il avance l’argument de l’égalité et de la justice : il incite son petit à se montrer honnête et donc à ne pas faire de tort aux agneaux innocents, quitte à avoir faim. Cet argument relève de l’ordre moral.

 

Enfin, des vers 19 à 29, un troisième argument rappelle le danger de mort encouru par le loup qui chasse parmi les troupeaux, en s’appuyant sur un exemple précis, celui du grand-père. Il propose donc un argument ad baculum en même temps qu’un argument par l’exemple.

 

Le vers 30 sert de conclusion à son discours et résume sa thèse en y ajoutant un jugement de valeur (« que j’abhorre » = que je déteste). Il y fait également une forme de chantage affectif avec la proposition subordonnée circonstancielle hypothétique : "Si vous m'aimez".

 

 

lafontaine - loup

 

 

3) Comment la suite du texte contredit-elle ces propos ?

 

La réaction du louveteau annule tous les efforts du père dans son discours : Voltaire crée un effet d’attente en repoussant les compléments d’objet au vers 32 : cela met en relief ces éléments (« De la laine et du sang »). Le ton bienveillant du loup devient agressif, il s’en prend à son fils par des termes péjoratifs : « petit fripon », « un vaurien ».

 

Les arguments du père sont sans valeur aux yeux du louveteau car il constate qu’il ne suit pas lui-même ses préceptes. On peut dire qu’il s’agit d’un argument ad hominem : il accuse le père d’agir de façon contraire à ses paroles. Son rire (par deux fois) témoigne du peu de crédit qu’il accorde à son argumentation.

 

 

4) Comment comprenez-vous les quatre derniers vers ? Qui Voltaire accuse-t-il derrière cette métaphore ?

 

Les quatre derniers vers sont isolés du corps du texte par un saut de ligne : c’est la morale. On le voit notamment à la généralisation (un singulier pour désigner un ensemble de personnes : « un prédicateur » = tous les prédicateurs), la comparaison « Tel », le présent de l’indicatif à valeur de vérité générale (on dit que c’est un présent d’aphorisme). Mais elle n'est pas explicite : elle passe par une comparaison, qui ramène le lecteur à son quotidien et à des types de personnes qu'il connaît.

 

Il y évoque un représentant religieux qui prône la frugalité (« prêcher contre la bonne chère », « dévotement ») et se donne donc un visage vertueux, alors qu’il agit de façon contraire et que cela se voit à sa physionomie (« sortant d’un bon repas », « bien fourré, gros et gras »). Il y a une antithèse entre ces deux aspects (ce qu’il dit et ce qu’il fait), avec une insistance (les allitérations en [r] et [g] suggèrent son embonpoint et dégoûtent le lecteur.

 

Il s’en prend donc à l’Eglise mais aussi à tous ceux qui, étant haut placés et ayant une certaine influence, veulent pousser les autres à suivre une certaine doctrine ou règle de vie alors qu’eux-mêmes ne la respectent pas et vivent dans les plaisirs (ministres, roi, justice…).

 

 

5) Formulez avec vos mots la leçon que l’on pourrait tirer de cette fable.

 

Cette fable fait penser à l’expression « Faites ce que je dis, pas ce que je fais ».

Mais la leçon qu’on pourrait tirer de cette fable serait que si l’on veut être écouté, il faut  commencer par montrer le bon exemple.

 

 

6) En quoi ce texte relève-t-il de l’argumentation ?

 

La thèse soutenue par Voltaire est illustrée en passant par une fiction, avec des personnages et des péripéties. Il s’agit donc d’une argumentation indirecte. De plus, ce récit contient un discours dans lequel on trouve les marques de l’argumentation directe : apostrophe, arguments, connecteur logiques, structure, exemple...

Cette fable est donc doublement argumentative.

 


 

Pour aller plus loin :

Imaginez vous aussi une fable qui illustre cette leçon de morale. Vous pouvez la transposer à notre époque.

 

Le cercle de l'OULIPO (OUvroir de LIttérature POtentielle) , créé au début du XXème siècle, est redevenu bien vivace grâce à Internet.

 

Leur objectif : s'amuser à écrire des textes en s'imposant des contraintes... parfois loufoques.

 

En cliquant sur ce lien , vous trouverez une liste de ces contraintes ainsi que leur explication et des exemples... A voir par curiosité, plaisir, et pourquoi pas à expérimenter !

 


 

Retourner au texte 6

 

 

 

Fin de la séquence 4

 

 



20/04/2022
0 Poster un commentaire

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 2 autres membres